Le réservoir affectif…pour adultes !

Il y a quelques années en m’intéressant à la parentalité bienveillante je découvrais cette notion du réservoir affectif pour les enfants. Cela m’a parlé si fort que cela s’est immédiatement intégré dans mon quotidien, c’était une autre façon d’appréhender les demandes de mes enfants. Seulement…quid du réservoir affectif des parents ?! Car si je suis moi même à vide comment accompagner mon enfant? Aussi instantané que j’ai saisi le bon sens de cette notion avec mes enfants, je me le suis approprié pour moi même, et pour tous les adultes.

C’est le propos de cet article : définir la notion de réservoir affectif et déterminer quelques pistes pour nous les parents et pour les adultes accompagnants des enfants.

 

Définition

Plusieurs auteurs font référence à cette notion, on peux citer entre autres Isabelle Filiozat, Catherine Dumonteil Kremer, ou bien le psychologue Lawrence Cohen. L’idée est toujours similaire : prendre conscience qu’un comportement que nous jugeons comme inapproprié de notre enfant peut être une manifestation d’un réservoir affectif vide.

« Quand ce réservoir est plein tout va bien pour lui, il est aimant, joyeux et coopératif. Ce réservoir se vide assez vite : nous passons souvent à côté de ces demandes ; les enfants sollicitent des câlins, des jeux, des massages, notre présence, etc. Notre différons la réponse à ces besoins quelquefois parce qu’il y a d’autres enfants, d’autres tâches à effecteur, que nous sommes fatigués et soucieux – donc peu disponibles – et le réservoir de notre enfant continue à se vider. Or, plus son réservoir se videra, moins sa façon de demander sera appropriée, et plus il aura tendance à nous repousser tant il est en colère, en rage, même !  » (Relation frères-soeurs du conflit à la rencontre, page 85, Catherine Dumonteil Kremer)

Selon cet auteure toujours, beaucoup d’événements peuvent vider ce réservoir, elle en propose une liste non exhaustive :

« être victime d’abus, de violence ; être punis ; être l’objet d’attentes qui n’ont rien de réaliste ; déménager ; entrer à l’école la première fois mais également les autres années ; avoir un nouveau frère ou une nouvelle sœur ; vivre avec un parent malade ou avec un enfant malade ; le fait que les deux parents travaillent ; le fait qu’un seul parent travaille ; le fait d’être au centre, mais de n’avoir la possibilité d’aucune initiative en dehors de la présence des adultes ; tous les changement affectent l’humeur des petits, un départ en vacances par exemple, un changement de rythme provisoire ; toutes les séparation d’avec les parents ; être obligé de prêter ses affaires contre son gré ; le divorce ; le remariage ; vivre au côtés d’un parent qui ne comble par ses propres besoins… »

Est-ce à dire que nous devons faire en sorte de protéger notre enfant du moindre changement et le garder dans une bulle? Non bien entendu, mais en étant au courant que lorsque notre enfant se frotte à la vie il est peut être chamboulé, remué, et parfois même vidé, nous pouvons l’accompagner en conscience.

Soyons patients : le cortex préfrontale (siège de l’accueil des émotions, du discernement, de la motivation, de la coordination, etc) est très immature chez les enfants de moins de 6/7 ans…et atteindra sa pleine maturité vers les 24 ans !

 

réservoir affectif

 

Réservoir affectif et âge adulte ?

Certes la maturité de notre cerveau nous donne des ressources là où nos enfants auront besoin d’être accompagnés. En théorie. Car en pratique si nous possédons la capacité de s’auto-accompagner nous n’en avons pas toujours les ressources…la boucle est bouclée : pour accompagner ses enfants et se restaurer soi même nous devons prendre soin de notre réservoir affectif.

 

En pratique

Prendre conscience de mon état intérieur

Le corps et le véhicule de mon état émotionnelle. Il guide et montre là où j’en suis. Au moins une fois par jour je peux me faire un Scan corporel. C’est une des bases en sophrologie et une fois qu’on apprends à pratiquer cet exercice on peux le faire aussi souvent que possible. Dans l’idéal, si vous ne l’avez jamais fait pratiquez allongé dans une pièce apaisant pour vous, cela vous aidera même à partir dans le sommeil. en début de pratique vous pouvez poser une intention : « Prendre conscience de mon état », « Être plus présent à moi même » « Reposer mon corps »…

En position allongé, je prends conscience de ma respiration, je suis présente à ce flux et reflux en moi, sans chercher à modifier ma respiration naturelle, juste en étant en contact avec moi même. Puis je peux porter mon attention au niveau de mes pieds, mes orteils, le contact de mes chaussettes ou de l’air sur mes pieds, je peux déplacer mon attention au niveau du point d’appuis de mes pieds en contact avec le matelas… Peu à peu de balaye chaque partie de mon corps, tranquillement, en portant mon attention sur les points d’appuis de mon corps, la sensation des vêtements, du drap, la température interne, les éventuels tensions, le relâchement de certaines zones…je balaye chaque partie de mon corps, jusqu’au sommet de ma tête.

Peu à peu vous pouvez prendre confiance en votre capacité à sentir votre corps et pratiquer cet exercice assis, debout, dans une file d’attente…vous pouvez prendre le temps scanner lentement mais aussi faire un scan rapide juste faire le point avec vous mêmes. La pratique de la méditation va compléter merveilleusement en observant l’ensemble de ce qui m’habite mon corps, mes pensées, mes émotions…

 

Prendre conscience de mes besoins

Vous connaissez surement la pyramide du psychologue Maslow, mais un petit rappel ne fait pas de mal. pyramide-de-maslow-definition

Pour que le réservoir affectif soit plein je peux prendre conscience de mes besoins dans un premier temps et en prendre soin dans un deuxième…Alors si la priorité c’est le sommeil et bien le ménage pourra attendre un peu…

Cette hiérarchie n’empêche pas de ressentir un vide lorsque les besoins du haut de la pyramide ne sont pas nourris.

L’approche de la Communication-Non-Violente met en avant ce lien de cœur à cœur en premier lieu avec soi même.

Dans des moments où je me sens à vide je peux m’interroger et pratiquer le processus OSBD : Observation (ce qui se passe objectivement, ce qui me touche), Sentiment : comment je me sens par rapport à cette observation, Besoins (ce qui est nourris, pas nourris) et Demande (qu’est ce que je met en place concrètement par rapport aux besoins. Parfois se référer à une liste de besoins peut être très aidant comme celle-ci CLICK. 2

 

 

 

 

Évacuer mes tensions

Après un scan corporel (voir un peu plus haut) ou tout simplement si je me sens à cran, sur le point d’avoir des réactions que je ne souhaite pas, je peux pratiquer cette exercices d’accentuation de des tensions pour les évacuer :

Sur une inspiration, je serre les poings, j’étire les bras vers le ciel, et en rétention je contracte mon visage et tous les muscles de mon corps. Sur l’expiration je peux souffler fort et produire le son « aaaahhhh » en expulsant l’air avec le fond de ma gorge. Je mets dans ce souffle de l’intensité, une intension de sortir de mon corps chaque tensions. Je peux peux pratiquer cet exercice en accentuant les émotions inconfortables en moi et en les laissant partir sur l’expiration. Je pratique au moins trois fois cette tension de tout mon corps (plus si j’ai besoin)…puis pendant quelques instants je goûte cette sensation nouvelle de moi même.

 

Demander du soutien

Ça a l’air simpliste et pourtant c’est essentiel et pas toujours évident. Lorsque nous sommes dépassés par ce que nous vivions, nous avons la possibilité de demander de l’aide : un repas partagé, un coup de main pour la logistique,  la garde d’un ou plusieurs enfants pour pouvoir passer du temps privilégié avec au choix l’un des enfants de la fratrie/son compagnon/sa compagne/soi même! Nous recevons parfois des propositions spontanées d’aide mais nous n’osons pas toujours nous en servir…Et si le secret d’un réservoir plein c’était aussi d’apprendre à recevoir ?!

 

 

Se faire chouchouter

On en a tous en nous un besoin d’être materné (d’autant plus lorsque ce besoin n’a pas était pleinement nourri enfant). Alors prenons soin de ce besoin en allant nous faire masser, en prenant un bon bain chaud, en demandant aux personnes qui partageant nos vies de nous chouchouter pour une soirée…Les contacts physiques sont réparateurs et vont nous permettre de faire le plein d’endorphines. En nous sommeil toujours un petit enfant qui a besoin qu’on prenne soin de lui.

réservoir affectif

 

Partager avec d’autres adultes

En allant à la rencontre d’autres parents, femmes, hommes, on vient restaurer son appartenance à la grande famille humaine, on peux prendre de la distance avec ce qu’on vit en écoutant les vécus similaires des autres et en se sentant soutenus. Pourquoi pas intégrer un cercle de femmes, une tente rouge, un cercle d’hommes, un groupe de parent, un Pep’s café… et si cela n’existe pas près de chez vous, vous pouvez le créer !

 

Pratiquer une activité sportive

Attention je vais utiliser des grands mots pour parler de quelque chose de finalement simple !

L’activité physique augmente la neuroplasticité dans l’hippocampe. Cette zone de notre cerveau a entre autre fonction d’éteindre l’amygdale une fois le danger passé (qui elle même secrète les hormones du stress comme l’adrénaline)…seulement si l’amygdale est suractivée pendant plusieurs semaines elle attaque les neurones de l’hippocampe…réservoir vide, stress chronique : un pas vers la dépression. Inéluctable??? Non grâce à la plasticité de notre cerveau… Et c’est là que l’activité physique nous est essentiel…car elle favorise cette plasticité neuronale qui va permettre à l’hippocampe de se reconstruire. Comment on fais? 30mn, 3/4 fois par semaine…même 10/15mn par jour peuvent améliorer notre état psychique.

Pour bien comprendre le fonctionnement de l’hippocampe et de l’amygdale voici une vidéo de 7mn très claire https://www.youtube.com/watch?v=pwtQmV2v9J8

Rire !

Rire c’est faire acte de santé vis à vis de soi même ! Parmi ces nombreux bienfaits, le rire permet de respirer plus amplement, renforce notre systèmes immunitaire,détend notre diaphragme et masse les organes digestifs, provoque un relâchement musculaire (après avoir contracté tous nos muscles). Enfin rire est un formidable moyen de sécréter les différentes hormones de bien être : les endorphines et la sérotonine (hormone liée à la dépression et à l’endormissement notamment). Et si en plus on le fait avec ses enfants on fait d’une pierre deux coups en remplissant tous les réservoirs !

 

Cultivez l’imperfection

Parfois les parents et accompagnants ont tellement cœur de faire au mieux avec les enfants que la moindre « erreur », le moindre « cri », chaque faux pas devient source de culpabilité et donc de stress.

Un enseignement du bouddhisme qui m’a était très précieux est celui de la seconde flèche :

« Le Bouddha raconte l’histoire d’un homme qui reçoit une flèche et ressent de la douleur et de la colère parce qu’il a reçu cette flèche. Par conséquent, il ressent deux douleurs : une douleur physique et une douleur mentale. C’est comme si l’homme avait reçu une première flèche et immédiatement après une seconde flèche. Il éprouve la douleur de deux flèches.

De la même façon, nous nous torturons quand nous n’acceptons pas ce qui arrive ou que nous n’acceptons pas les autres. La seconde flèche atteint un endroit déjà blessé par la première flèche, ce qui augmente la douleur car lorsque l’on est touché au même endroit c’est pire.

En fait, nous refusons tout simplement d’accepter la première flèche. Nous lançons nous-mêmes la seconde flèche. La rigidité par rapport à nos attentes engendre des désirs spécifiques et très précis. Nous désirons la réussite ou la reconnaissance, et nous nous torturons nous-mêmes. Nous nous créons des désirs et nous tentons de les réaliser. Mais il y aura inévitablement des échecs entraînant des tourments et de la peine. Ceci n’est pas accepter les circonstances avec sagesse, car au lieu de regarder ce qui nous arrive objectivement, nous remuons le couteau dans la plaie. Nous ne savons pas comment faire face aux blessures. En fait, il faut simplement observer les faits, regarder la réalité et non pas nos désirs. » 1

Dans « Élever son enfant en pleine conscience », les auteurs présentent les erreurs comme un pilier d’une discipline en pleine conscience (qui est le sujet du livre). En acceptant notre imperfection et nos erreurs, en les reconnaissant avec sincérité nous apprenons la compassion, l’humilité et le pardon.

 réservoir affectif

 

Ressources sur le sujet

Pour les adultes : je n’ai trouvé que cet article par Catherine Dumonteil Kremer sur son blog !

Pour les enfants de nombreux articles :

L’un de mes préférés chez Wonder Mômes avec une proposition de dessiner son réservoir affectif

Chez Les vendredis intellos

Chez Parents heureux Enfants heureux

Chez Maman Zen

Chez Apprendre à éduquer

 

Je vous souhaite un réservoir rempli d’amour, de douceur, d’auto-empathie !

 

 

 

1 source : http://bica-vipassana.blogspot.fr/2008/03/ressentir-la-douleur-et-la-colre.html

2 source : https://spiralis.ca/2010/12/liste-sentiments-et-besoins/

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